Adrien Montefusco, éleveur porcin à Saint-Yvi (Finistère), a créé le compte Facebook de sa truie Luna le jour de sa naissance. Au-delà d’une démarche en apparence humoristique, se cache une vraie stratégie de communication.
Adrien Montefusco est éleveur porcin depuis quinze ans et à la tête d’un cheptel de 140 truies reproductrices dans la commune. L’idée de parler de son métier sur les réseaux sociaux lui vient il y a deux ans. Mais tout a commencé en 2002, lorsqu’il a été sollicité par Cochon de Bretagne pour communiquer auprès du grand public sur la filière porcine, à l’occasion du Salon de l’Agriculture. « C’est valorisant et il y a une utilité à informer les gens sur notre métier », explique l’agriculteur de 41 ans. Il se prend au jeu, suit plusieurs formations et est interpellé par divers organismes pour animer des actions de communication autour de la filière porcine.
Un outil pédagogique et d’échanges
L’idée de la page Facebook lui vient en 2019. « C’est parti d’un délire, parce qu’une copine avait créé une page pour son chien, s’amuse Adrien. Le 30 mars 2019, j’ai choisi une truie parmi une portée qui venait de naître, je l’ai baguée Luna et c’est parti comme ça. » Le même jour, il crée son compte Facebook pour celle qui deviendra, en quelque sorte, la mascotte de l’élevage.
Pour Adrien, il ne s’agit pas de s’amuser sur les réseaux sociaux, même si l’humour est bien présent dans ses publications. « J’organise régulièrement des visites de l’élevage mais le temps est toujours trop court pour échanger. Avec les réseaux sociaux, on prend le temps d’être plus précis, de répondre aux questions, d’alimenter les discussions. »
Le compte, qui a aujourd’hui dépasser les 2000 abonnés, a donc vocation à vulgariser le métier d’éleveur porcin, mais aussi à suivre la temporalité d’un élevage à travers le quotidien, entre autres, les gestations de Luna. Des sujets de fond sont également évoqués. Par exemple, Adrien mène depuis trois ans, au sein de son élevage, une étude sur l’intérêt de la caudectomie (le fait de couper les queues à la naissance pour éviter que les cochons ne les mangent) et partage régulièrement les analyses de son expérience.
Même si Adrien doit faire face à certaines remarques autour de son métier, les commentaires et échanges sont globalement bienveillants. « Je ne suis là pour convaincre personne et je n’ai pas envie d’être dans l’affrontement. Je veux juste montrer les choses et me positionner comme vulgarisateur plutôt que technicien. »
La page suscite des vocations
Son but est aussi de motiver d’autres agriculteurs à aller vers la communication. Adrien sent déjà que sa démarche contribue à changer le regard des gens sur l’élevage porcin. Surprise, la page a même suscité des vocations, des personnes souhaitant se diriger vers le secteur de l’agriculture.
« Même si Luna a été personnifiée par les fans, son destin est tracé, comme celui des autres truies du cheptel. » Alors que se passera t-il lorsque « la carrière » de Luna sera terminée ? Adrien ne le sait pas encore. Telle une saga, on suivra peut-être sur Facebook les aventures de Lila ou Lola, descendantes de Luna !
Ci-contre le lien vers la page : https://www.facebook.com/lula.dekereonnec.5
Source Ouest-France 20.01.2021